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Les Avatars de …

 Merlin dit « L’Enchanteur »

Si tous n’ont pas forcément lu les aventures des chevaliers de la Table Ronde dans leur prime jeunesse, on est obligé de se souvenir de l’image du vieillard survolté du film de Walt Disney et de son hibou grincheux, Archimède.

    Le seul petit problème, c’est que le Merlin, ou Myrddin, des légendes ne s’est jamais précipité en caleçon à fleurs pour féliciter un roi Arthur en bas âge, maltraité et victime de malnutrition…  

    Bon, d’accord, on l’avoue, on adore quand même ce film…

    Mais voici la véritable histoire de Merlin et celle de ses héritiers en littérature. C’est promis, on vous les présentera tout à l’heure…

<> On pourrait commencer par le Myrddin de la mythologie celtique, l’ennui c’est qu’il est assez difficile de cerner ce mythe avant qu’il n’ait été récupéré par les Chrétiens. Souvent, il s’agit de mélanges d’influences, de références… Globalement, on peut quand même supposer que les versions les plus tardives de cette légende reprennent beaucoup d’éléments de la version originelle perdue depuis belle heurette (puisque la civilisation celtique était basée sur l’oral et que les druides avaient établi un tabou religieux sur l’écriture). 

Merlin joué par Nicol Williamson dans le film Excalibur de John Boorman (1981).


Le Merlin de la tradition chrétienne

 

    Forcément, après le « triomphe » de la religion chrétienne, Merlin a été récupéré et remis au goût du jour. Il est devenu un personnage clé des légendes de la Table Ronde, celui qui aide, conseille le roi Arthur, et qui lance les chevaliers dans la quête du Graal.

<>On le présente en général comme né d’une vierge et d’un démon, voire même du Diable (c’est le cas du magnifique livre L’Enchanteur de Barjavel). Sa naissance met sa mère en péril. En effet, comme il est né sans père, elle risque la mort. Cependant, alors qu’il est âgé de quelques jours seulement, il parle et défend sa mère à son procès. Elle a donc la vie sauve et finit par entrer dans un couvent.

    Vers l’âge de sept ans, Merlin rencontre des émissaires du roi Votigern qui recherchent un enfant sans père. Le roi cherche à bâtir une tour qui s’effondre sans cesse et ses devins lui ont prédit qu’elle ne s’effondrera plus si on arrose les fondations du sang d’un enfant sans père. Évidemment, Merlin les accompagne mais annonce à Votigern que ses devins lui ont menti. Il lui dit de creuser car deux dragons sont endormis sous la tour et chaque fois qu’ils se retournent dans leur sommeil, la construction est détruite. Sa prédiction se révèle exacte et Votigern fait pendre ou décapiter ses devins (ça dépend des versions).

    À partir de là, Merlin ne cesse de se mêler à l’histoire de l’Angleterre. Il vient en aide à Uther Pendragon, dépossédé de son trône par Votigern, et ce même dans ses histoires de cœur. En effet, grâce à Merlin, Uther peut prendre l’apparence de l’époux de la belle Ygraine de Tintagel et la rejoindre ainsi dans sa chambre. De là, naîtra le roi Arthur qui, élevé sans se savoir fils d’Uther et d’Ygraine, finira par retirer l’épée Excalibur de la pierre et deviendra roi d’Angleterre. Merlin le conseillera et, grâce à sa magie, lui permettra de vaincre tous ceux qui ne le reconnaissent pas comme roi.

    Cependant, le sage Merlin était un homme comme les autres et ses prodigieux pouvoirs ne l’empêchèrent pas de tomber amoureux de la belle Viviane. Il lui enseigna la magie sans rien pouvoir lui refuser et le jour où elle lui demanda comment emprisonner un homme dans une tour d’air sans qu’il puisse jamais en sortir, il n’eut pas le courage de dire non. Alors, il ne s’étonna pas quand il se retrouva enfermé pour toujours.Mais comme il aimait passionnément Viviane, sa captivité ne dut pas lui sembler infernale…

    En revanche, à partir du moment où Merlin ne fut plus là pour le conseiller, les choses allèrent nettement plus mal pour Arthur…

    Merlin a formé l’archétype de l’enchanteur : un vieil homme vêtu d’une robe de mage, appuyé sur son bâton et qui prodigue de sages conseils. 

    Cela vous dit quelque chose ? Normal, on le retrouve souvent...Ne serait-ce que dans deux cycles de fantasy célèbres : Le Seigneur des Anneaux et Harry Potter (si si, on est sérieux !).

 

 Gandalf

   Alors là, si Tolkien ne s’est pas inspiré, même inconsciemment, de Merlin pour créer Gandalf le Gris, je veux bien manger mon exemplaire lu et relu du Seigneur des Anneaux…

    Impossible de se tromper : un vieil homme à la longue barbe avec un chapeau pour cacher ses sourcils broussailleux, un bâton et des robes de magicien, qui fume la pipe en faisant des ronds de fumée et surtout qui a des pouvoirs magiques.

    De plus, certains éléments rappellent beaucoup trop le Merlin du cycle arthurien pour être dus au hasard. Comme Merlin pour le Graal, Gandalf est à l’origine d’une Quête (même si, il ne faut pas l’oublier, la Quête de l’Anneau peut être considérée comme une anti-quête puisqu’il ne s’agit pas de la recherche d’un objet mais de sa destruction). De même, Gandalf aide et conseille un roi, Aragorn. Il procède même, si mes souvenirs sont bons, à son couronnement après avoir combattu pour lui. Certes, c’était d’abord dans le but d’empêcher Sauron de dominer les Terres du Milieu mais Merlin n’avait pas d’autre but que de lutter contre le chaos en aidant Arthur. Et qu’est-ce que Sauron sinon une certaine personnification du chaos ?

 <>Venons-en aux pouvoirs magiques de Merlin et Gandalf… S’ils sont présents, ils sont néanmoins assez différents au premier abord.

    Merlin est un enchanteur. Il peut se métamorphoser, agir sur les choses et leur apparence (Uther Pendragon en est l’exemple le plus fameux), invoquer un dragon, soumettre le vent, … Barjavel, dans L’Enchanteur, explique cela par la connaissance que Merlin a du Verbe.

    Gandalf est un magicien, un Istari. Ses pouvoirs sont moins impressionnants que ceux de son illustre prédécesseur, mais plus subtils. Il possède une culture hors du commun, peut-être la connaissance de l’ensemble des Terres du Milieu. On peut même penser qu’il a vu certains aspects de l’avenir. Son action sur les choses passe par la maîtrise de leur nom (l’ouverture des portes de la Moria par exemple) mais cela peut aussi se traduire physiquement : faire la lumière dans les ténèbres, briser le pont, … Son pouvoir par le langage n’est donc pas sans rappeler celui de Merlin.

    Mais, par pitié… Pas le combat Matrix de deux vieillards séniles et revanchards ! Gandalf et Saroumane méritaient mieux que ça ! *

*Toute allusion au film est pleinement revendiquée, même si c’est quand même un super film.

Dumbledore
<>        
    Albus-Wulfric-Percival
Dumbledore est le directeur d’école le plus connu… Pourquoi ? Ne me dîtes pas que vous ne le connaissez pas ! Mais oui, c’est lui le plus grand magicien de tous les temps dit-on chez les sorciers d’Harry Potter…
Vous le reconnaîtrez avec sa longue robe de sorcier, sa longue barbe et ses longs cheveux argentés, sans oublier ses petites lunettes demi-lunes.
<>  Il est capable de véritables prodiges avec sa baguette : la métamorphose, la légilimency, l’invisibilité, l’exécution d’un patronus n’ont plus aucun secret pour lui. On lui doit également la découverte des propriétés du sang de dragon.
<> Certes c’est un très grand sorcier mais en quoi est-il si proche de Merlin ? Tout simplement car Dumbledore a pour mission sur Terre d’éradiquer les forces du mal mais aussi parce qu’il guide Harry vers sa destinée tel un maître de vie tout comme Merlin a guidé Arthur.

    Mais Dumbledore reste avant tout un vrai modèle de sagesse et d’impartialité et le plus gentil des directeurs d’école…Cependant, tout comme Merlin avec Viviane ou même Morgane, Dumbledore peut aussi faire de graves erreurs, la preuve dans le tome 5. Personne n’est parfait…

<>Une dernière chose. Merlin, Gandalf et Dumbledore ont deux autres points communs : ils apparaissent tous trois comme des originaux auxquels personne ne fait confiance au prime abord. On compare souvent Merlin à un fou, Gandalf est qualifié « d’oiseau de tempête » par Denethor et Dumbledore traîne une réputation assez sulfureuse, ses ennemis les plus modérés le traitent de vieillard sénile. En outre, Gandalf et Dumbledore se heurtent assez souvent et violemment au pouvoir temporel : Gandalf est en lutte plus ou moins ouverte contre Denethor, et Dumbledore se retrouve assez souvent en froid avec le ministère de la magie, en la personne de Cornelius Fudge pour ne citer que lui.* 
    Mais en cherchant bien, on peut retrouver d’autres avatars de Merlin en littérature certes, mais aussi en cinéma. Obi-Wan Kenobi des épisodes 4, 5 et 6 de Star Wars n’en est qu’un autre exemple …

* merci à Galan Dracos (David) pour ses réflexions plus que judicieuses.


<Bibliographie :

   Si vous aimez le personnage de Merlin en général, voici plusieurs livres :  

     - L’Enchanteur de Barjavel. Un livre d’une beauté rare, plein d’humour et d’un merveilleux hérité de Chrétien de Troyes et de ses successeurs, mais accommodé à la sauce d’un grand écrivain du XXe siècle… 

     - Le Cycle de Pendragon de Stephen Lawhead. Il s’agit de 5 volumes : Taliesin, Merlin, Arthur, Pendragon et Le Graal. Une grande épopée : l’arrivée des survivants de l’Atlantide, les Celtes et les Romains dans une Angleterre qui sombre peu à peu dans les ténèbres… Avec en prime, un Merlin qui se raconte à la première personne. Petit bémol, je n’ai lu que les deux premiers tomes pour le moment donc je ne peux pas juger si les trois suivants sont de la même trempe… 

     - Et l’inévitable Les Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley suivi des Brumes d’Avalon. L’arrivée du christianisme vu par les Celtes : une culture qui se bat pour survivre, petit à petit éclipsée par une autre beaucoup plus intolérante. On peut reprocher à l’auteur son féminisme, tout de même assez supportable, mais pas la qualité de son écriture et de ses histoires.

                                Et en films :

        - LE plus grand film réalisé sur le cycle arthurien : Excalibur de John Boorman.
<>Il a peut-être un peu vieilli mais il reste et restera absolument splendide…Ah…Les chevauchées sur le morceau Fortuna Imperatrix Mundi
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        - Et si on veut passer un moment sympa :
Merlin l’Enchanteur de Walt Disney.

 Par contre : LE film à ne pas voir : Lancelot de je-ne-sais-plus-qui avec l’infâme Richard Gere. Une horreur absolue et lamentable. C’est nul aussi bien sur le plan du scénario que sur le jeu d’acteurs ou cinématographiquement. Mais qu’est allé faire Sean Connery dans cette galère ?

 

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